Découverte paléontologique en 2004 dans les sédiments de la mer du Jurassique au sud de la faille de Meyssac
Vie marine dans notre sol Jurassique
Marie Anne, Guy et Maryse, tous trois professeurs des sciences de la vie et de la terre dans les lycées de Brive, partagent une passion commune : feuilleter le grand livre des couches géologiques de leur terroir. Avec une prédilection pour la zone sédimentaire du causse corrézien déposée par la mer du Jurassique. Cette période extraordinaire, qui débuta il y a 200 millions d'années, vit l'explosion de la vie dans les mers et sur la terre avec l'apparition des reptiles et des dinosaures dont la taille de certains spécimens défie l'imagination.
Si les coraux tropicaux, les ammonites et bélemnites, les gryphées et pentacrinites et cent autres espèces de mollusques marins que l'on trouve dans certaines zones du causse corrézien n'ont plus guère de secrets pour eux, quelle fut la surprise – et la joie ! - de ces paléontologues de découvrir pour la première fois une trace fossile d'un probable géant marin ! Ichtyosaure, plésiosaure ? Une première sur le sol karstique corrézien !
Un scoop pour les amateurs de géologie.
La chance fait souvent les yeux doux aux gens curieux. Coup de chance ? Certes. Mais pour trouver, il faut chercher ! Ecoutons les trois amis décrire cette découverte dans la revue du GAGN (1) dont ils sont des adhérents fervents et talentueux : « Prospectant pour la énième fois, avec l'accord du propriétaire du terrain, une zone cultivée dans laquelle apparaissaient quelques cailloux, nos chercheurs ont remarqué un petit bloc qui a attiré leur attention : tout est ensuite affaire de famille ! En premier lieu, le père intervient, intrigué par la forme arrondie de ce nodule, et le met de côté pour éventuellement le ramener à la maison. C'est ensuite qu'intervient la fille qui ramasse et pose l'échantillon à côté de la voiture ; pourquoi, alors que l'on ne voit rien dessus ?…Mystère. C'est alors au tour de la mère de contribuer à la découverte, lorsqu'elle décide finalement de l'emmener à la maison pour le casser, pour voir ce qu'il y a dedans. Heureux dénouement, comme vous pouvez le voir sur les photos, ce nodule contenait un os fossilisé !!! Peut-on parler de prémonition vu les circonstances de la découverte ? L'identification est assez délicate pour un non spécialiste, mais sa présence en bon état de conservation dans ce milieu marin où on trouve des restes partiels d'ammonites, évoquerait, plutôt que du dinosaurien (reptiles terrestres les plus connus de cette époque), une phalange ( ?, cet os semble allongé et aplati comme les os de palettes natatoires) de reptile marin, comme les ichtyosaures ou les plésiosaures… »
Chance, science, patience.
Si on ajoute aux exceptionnelles conditions de la fossilisation de cet animal marin (qui pouvait mesurer entre 10 et 15 m de long), les destructions aléatoires de l'érosion qui recreusa le plateau sédimentaire durant des dizaines de millions d'années et la « prémonition » époustouflante des trois membres de cette famille d'« inventeurs » : autant dire qu'il y avait moins de « chance » (dans le sens statistique du terme) de faire pareille découverte que de gagner le gros lot au loto ! D'autres éléments fossiles du même reptile peuvent-ils être encore découverts dans la même zone ? Peut-être, mais c'est désormais une affaire de patience, de chance et de science.
Ce petit os fossile de vertébré marin géant, unique dans les annales géologiques de la Corrèze, est désormais une des vedettes de l'exposition du GAGN qui tourne chaque année dans le département pour le plus grand plaisir des gens curieux des origines de la vie et de l'histoire de leur terroir.